Le Sénégal bénéficie d’un ensoleillement fort et régulier toute l’année : près de 4 000 h/an dans presque tout le pays. L’utilisation massive de l’or jaune participera au développement économique et social du pays. Une politique nationale d’électrification par énergie solaire contribuera à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, à l’émergence d’activités économiques et à la réduction de l’exode rural.
Le bilan énergétique actuel
Les énergies traditionnelles (bois, charbon de bois, déchets végétaux et animaux) représentent 49 % de la consommation finale d’énergie dans le pays. Dans les zones rurales, 80 % de la population a ainsi recours au bois énergie pour la cuisson et au pétrole lampant ou aux lampes à piles pour l’éclairage. L’électricité, qui ne représentait que 7 % des postes de consommation énergétique en 2006, est essentiellement d’origine thermique, seuls 10 % étant d’origine hydroélectrique. L’exploitation du solaire photovoltaïque est en progression, mais demeure encore marginale. La consommation énergétique par habitant est de 0,3 tep/an, parmi les plus faibles du monde, la moyenne mondiale étant de 1,6 tep/an. Elle reste dominée par les hydrocarbures et la biomasse. Le secteur domestique représente 49 % de la consommation finale d’énergie.
L’accès à l’électricité
En 2017, le taux de couverture nationale en électricité au Sénégal est d’environ 56,50 %. En zone rurale, où vit près de 60 % de la population, le taux d’électrification est de 18 %. Une puissance totale de 649 MW est installée dans le pays en 2018.
Bien que très répandues, les lampes à pétrole coûtent cher, émettent des fumées nocives et ne fournissent qu’un éclairage médiocre.
Un potentiel d’énergies renouvelables encore peu valorisé
Les ressources énergétiques renouvelables ne manquent pas dans le pays mais sont pour le moment peu exploitées. L’hydroélectricité et le gisement solaire sont les deux ressources les plus importantes. Le fleuve Sénégal et ses affluents représentent un potentiel hydroélectrique estimé à 4 000 GWh/an, avec une dizaine de sites propices à l’établissement de barrages. Le barrage de Manantali en amont du fleuve Sénégal, a une capacité installée de 200 MW répartie entre 3 pays : le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. Par ailleurs, l’ensoleillement est proche de 4 000 h/an dans presque tout le pays, ce qui permet d’utiliser les technologies solaires photovoltaïques de manière efficace.
Malgré la disponibilité du gisement solaire, peu de programmes à grande échelle ont été mis en place pour son utilisation. L’électrification solaire a cependant connu une forte augmentation de ses capacités installées en 2008 et 2009, et cette croissance devrait être renforcée par l’attribution des concessions d’électrification.
L’accès à l’énergie, un enjeu mondial
Deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. Pourtant, l’électricité n’est pas un simple service de confort. Elle permet également d’avoir accès à l’eau potable, à des services de soins plus efficaces, favorise la croissance des activités artisanales ou industrielles et l’information des populations via la radio ou la télévision. L’énergie joue un rôle primordial pour accélérer le développement des pays les plus pauvres du monde. Or, ces pays consomment principalement des énergies d’origine fossile, dont les prix ne cessent d’augmenter. De plus, leur impact sur l’environnement et le changement climatique a été clairement établi depuis la conférence de Kyoto en 1997.
La situation actuelle nécessite donc de développer des énergies alternatives ayant un impact limité sur l’environnement. Aujourd’hui, l’usage des technologies utilisant les énergies renouvelables en milieu rural est compétitif face aux solutions conventionnelles. Leur mise en œuvre peut bénéficier aux pays du Sud largement dotés en sources d’énergies renouvelables diverses. Le programme “De l’électricité verte pour trente-cinq mille ruraux au Sénégal” s’inscrit donc dans un cadre international favorable, pour répondre à la hausse des coûts des énergies fossiles et à leurs impacts sur le changement climatique.
Le Sénégal peut s’émanciper du tout-pétrole
Les gisements renouvelables disponibles
Les potentiels hydrauliques et éoliens existent mais ne peuvent être exploités que de façon très localisée. En revanche, l’ensoleillement moyen dans le pays est de près de 6 kWh/m².jour et peut atteindre 7 kWh/m².jour durant les mois de fort ensoleillement de janvier à juin.
En tout état de cause, l’option solaire photovoltaïque s’avère toujours financièrement plus intéressante que l’installation électrique traditionnelle ou le recours à un groupe électrogène.
Un changement d’échelle s’impose
Pour faire avancer véritablement l’électrification rurale au Sénégal et répondre aux besoins du pays, un changement d’échelle s’impose.
Après l’électrification ponctuelle d’un village ou d’infrastructures communautaires, il est à présent indispensable de développer des projets d’ampleur régionale. Mais par quelles zones commencer ?
Il est nécessaire d’identifier les secteurs les plus favorables pour élaborer des projets rentables, les plus pérennes techniquement et financièrement, tout en impliquant les décideurs régionaux et les acteurs locaux. Objectif : limiter les risques et maximiser la viabilité pour convaincre les bailleurs, les investisseurs et les opérateurs privés de s’engager dans ce nouveau secteur d’activité.
La technologie à retenir
Le système photovoltaïque individuel constitue l’option la plus répandue pour l’électrification décentralisée. Elle est appréciée pour sa modularité, la fiabilité de ses composants et la facilité d’entretien. Néanmoins, l’énergie produite est limitée, ce qui implique une bonne maîtrise de la consommation électrique. Les modules solaires photovoltaïques ont une durée de vie approximative de 25 ans. Et ils ne nécessitent qu’une maintenance légère et régulière, assurée localement. Celle-ci consiste principalement à éviter les dépôts de sable ou de poussière sur les modules. Les batteries qui leur sont associées sont de type améliorée et leur renouvellement, tous les 4-5 ans, est assuré par l’exploitant.
Si l’investissement de départ peut paraître élevé, les coûts d’exploitation des systèmes solaires photovoltaïques sont très nettement inférieurs à ceux des autres solutions énergétiques, et peuvent être supportés par la population.
Toutes les grilles de comparaison montrent que le solaire photovoltaïque est la meilleure option. Les coûts d’exploitation de l’option groupe électrogène sont, en effet, trop élevés pour qu’elle soit économiquement compétitive. Les coûts du réseau de distribution pénalisent l’option solaire centralisée.
Monter le solaire en puissance, mais aussi les compétences
L’ambition des autorités sénégalaises en matière d’énergies renouvelables mobilise les bailleurs, bi et multilatéraux, et suscite l’intérêt des producteurs privés indépendants (PPI). Malgré tout, les financements manquent encore pour réaliser les aspirations « vertes » du Sénégal. Les assureurs, par exemple, réalisent 30 à 40 % des investissements en equity en Amérique du Nord, contre moins de 5 % en Afrique. Il est donc urgent de sécuriser les financements dédiés aux installations et infrastructures bas carbone, pourquoi pas au moyen de « subventions solaires » ou par l’intermédiaire du Fonds vert mondial pour rehausser la notation du Sénégal.
Au-delà de cette question des financements, l’avenir des énergies renouvelables au Sénégal implique aussi de soutenir le développement de politiques et de réglementations adaptées pour assurer la viabilité financière des projets (notamment en matière de vente plafonnés et harmonisés pour les populations), mais aussi de renforcer localement les capacités des opérateurs et des services publics aux spécificités de la filière solaire. L’intégration des énergies vertes dans le réseau national constitue un sujet technique que personne au Sénégal ne doit négliger.
Il est indispensable de veiller à ce que l’électrification ne soit pas une cause de plus grande injustice sociale, mais bien un facteur positif pour le développement. L’électrification décentralisée par énergies renouvelables ne peut être pérenne ni viable si les acteurs ne sont pas suffisamment sensibilisés et formés à la gestion des équipements installés sur le long terme. Des formations ainsi qu’un suivi des personnels permettent de professionnaliser ces acteurs et d’assurer que :
• le service électrique dispensé est fiable et pérenne ;
• les schémas organisationnels sont opérationnels ;
• les impacts sociaux et économiques de l’électrification sont réels et mesurés ;
L’opérateur doit être capable d’informer la population sur les aspects technologiques (quand et comment sera mis en place le service, à quel coût…), de former les abonnés à l’usage de l’électricité solaire photovoltaïque (utilisation rationnelle de l’énergie, que faire en cas de faible ensoleillement…), d’informer régulièrement les usagers sur les changements relatifs au service et de consulter régulièrement les usagers sur leurs attentes.
L’électrification doit également s’accompagner d’un accès équitable à l’électricité et permettre aux populations défavorisées d’en bénéficier. Des modalités de paiement adaptées doivent être mises en place, permettant d’éviter les défaillances de paiement, qui sont souvent les premières raisons des difficultés des programmes d’électrification rurale.
Les différents impacts attendus
Les services rendus par l’électricité dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement sont nombreux. Ils interviennent tant sur le plan social, qu’économique ou environnemental.
Les impacts sociaux
Les résultats scolaires sont améliorés grâce à un éclairage de qualité des bâtiments scolaires et des foyers.
ÉDUCATION
L’équipement des écoles offre de meilleures conditions d’études aux élèves, qui bénéficient de l’éclairage après la tombée du jour et d’outils audiovisuels éducatifs (ordinateur, imprimante…) et aux professeurs pour la préparation des cours. La qualité de l’enseignement s’en trouve améliorée, et les taux de fréquentation et de réussite scolaire augmentent. À la maison, un meilleur éclairage permet aux enfants de faire leurs devoirs dans de bonnes conditions.
SANTÉ
Les centres de santé sont mieux équipés, les consultations y sont plus nombreuses et les conditions sanitaires sont améliorées. La conservation au froid des médicaments et des vaccins, l’utilisation d’équipements médicaux électriques ou encore un bon éclairage des salles de soins sont désormais possibles. À la maison, l’électricité réduit les accidents domestiques contrairement au pétrole lampant ou aux bougies, et permet d’éviter aux enfants d’inhaler les fumées des combustibles. En effet, 21 % des décès des enfants de moins de 5 ans sont dus à des infections respiratoires, en partie causées par l’utilisation des lampes à pétrole.
ACCÈS À L’EAU PROPRE
La mécanisation du pompage améliore la qualité de l’eau et réduit ainsi les risques de maladie. La grande fiabilité des équipements limite les pannes et les risques de pénurie.
SÉCURITÉ
L’éclairage public favorise la lutte contre l’insécurité, notamment en réduisant le nombre de vols. La sécurité est d’ailleurs le bénéfice de l’électricité le plus souvent cité par la population.
ACCÈS À L’INFORMATION
L’électrification donne aux ménages l’accès aux informations via la radio ou la télévision. La recharge au domicile des téléphones portables facilite leur usage et améliore les liens avec l’extérieur. Enfin, des cybercafés peuvent être installés, ouvrant le champ de l’utilisation d’Internet.
ÉGALITÉ DES CHANCES
Le confort domestique et les conditions de vie sont largement améliorés, notamment pour les femmes. L’électricité allège la charge de travail des tâches ménagères. Elle permet de développer des activités artisanales domestiques génératrices de revenus pouvant être effectuées par les femmes, telles que le maraîchage, la petite restauration, la couture…
Les impacts économiques
Grâce à l’éclairage électrique, les commerces peuvent étendre leurs horaires d’ouverture.
RÉDUCTION DE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE
Le coût des services rendus (éclairage, radio, télévision, etc.) par l’électricité d’origine renouvelable est inférieur à celui de l’utilisation du pétrole lampant et des piles. La facture énergétique d’un foyer est réduite d’environ 20 %.
ACCROISSEMENT DU TEMPS DISPONIBLE
Les activités domestiques, commerciales et artisanales peuvent être poursuivies après la tombée du jour grâce à l’éclairage. La qualité des travaux, des produits fabriqués et des services est améliorée, la sécurité est renforcée.
DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES ACTIVITÉS
L’électrification permet aussi de lancer de nouvelles activités pour lesquelles l’électricité est indispensable, comme la conservation de produits agricoles par le froid, ou leur transformation grâce à des appareils électriques adaptés. Les revenus complémentaires générés contribuent à réduire la pauvreté.
Grâce au pompage solaire, l’irrigation des périmètres maraîchers peut être modernisée.
CRÉATION D’EMPLOIS DÉDIÉS
L’électrification crée des emplois locaux, que ce soit pour l’installation des équipements, mais aussi pour leur exploitation et gestion. Des techniciens sont chargés de l’entretien des systèmes électriques, du personnel collecte les redevances et gère la clientèle, un comptable établit les factures et assure la bonne gestion des fonds. Enfin, un manager doit animer l’équipe et assurer les relations avec les autres intervenants.
Les impacts environnementaux
RÉDUCTION DE LA POLLUTION
Dans des écosystèmes fragiles, le recours à des sources locales d’énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles permet de réduire les pollutions dues aux piles ainsi qu’au transport et à l’utilisation de pétrole. L’émission de 7 965 tonnes de CO2 est évitée durant les 20 premières années de fonctionnement des systèmes électriques.
Une politique de développement volontaire
L’électrification des infrastructures collectives, notamment pour les systèmes d’approvisionnement en eau potable, contribue à l’amélioration des conditions de vie.
Dans la lignée du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), mis en place à l’initiative du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, le Sénégal a pour objectif de réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 2030 et à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). L’extension de l’accès au service de l’électricité fait partie des axes stratégiques de réduction de la pauvreté.
Dans son document stratégique de développement des énergies renouvelables pour la lutte contre la pauvreté, le Sénégal envisage ainsi d’élargir l’accès à un service énergétique moderne, et d’en faire un levier de développement local. Les énergies renouvelables, et notamment l’énergie solaire photovoltaïque, font partie des options techniques proposées par les autorités dans ce cadre. La part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique à l’horizon 2025 devrait être portée à plus de 15 %. La mise en place d’un programme d’envergure par les énergies renouvelables s’inscrit bien dans cette volonté politique.
Appui au développement économique
Les retours d’expérience des programmes d’électrification solaire montrent que si l’accès à l’électricité a, rapidement, un effet significatif sur la qualité de vie par ses usages domestiques, il ne permet l’émergence et le développement d’activités économiques que s’il est accompagné d’un appui aux artisans et aux entrepreneurs. Il sera donc nécessaire de leur apporter des informations et des formations sur les activités productives valorisant l’électricité, de les aider à organiser des groupements professionnels afin de mener des actions communes et faciliter la mise en place de filières d’approvisionnement et de vente.
Un appui matériel, sous forme de mise à disposition de prêts ou de cautions pour l’achat d’appareils électriques, est également à prévoir. L’augmentation du chiffre d’affaires des artisans et des commerçants par leur électrification est un gage pour la pérennité du service de l’électricité. Elle devient vite indispensable à leurs activités.
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